Souverainiste un jour, souverainiste toujours !
- René Bouchard
- 25 déc. 2024
- 10 min de lecture
Dernière mise à jour : 22 janv.
Depuis peu, un nouvel intérêt semble se manifester pour que le
Québec se joigne au concert des nations et cette éventualité stimule
vivement le septuagénaire que je suis devenu.
Les gens de ma génération ont encore des choses
à dire, et comme l’a déjà chanté Fiori,
on devrait peut être les écouter ;-)
Depuis la fin de la pandémie, nous vivons dans un désert intello-social inintéressant, propulsé par des politiques absurdes, tant au niveau provincial que fédéral. Cette conjoncture en dégradation constante m’oblige à me questionner sur l’avenir du Québec, embrigadé dans ce pays qui n'en est plus un, nouvellement assujetti par la guérilla économique déclarée par «l’Élu de Dieu» pour sauver l'Amérique : Donald Trump.

Ce dernier a sans doute été avisé par les sous-fifres de sa garde rapprochée des faiblesses du régime politique canadien, désincarné par le manque de vision de Trudeau-fils et de son incapacité à s’entendre avec ses homologues provinciaux.
Tel un vautour flairant son buffet, Trump se permet d’humilier les politiciens canadiens en les menaçant à plusieurs reprises d’annexer leur pays s’ils veulent éviter de payer les 100 milliards supposément dûs annuellement à l'Empire étasunien. Cette boutade politiquement absurde - à peine plus subtile que les visées de Poutine sur l’Ukraine - exhibe un raisonnement somme toute apparenté aux grandes puissances : les plus gros finissent logiquement par bouffer les plus petits, soit par la force économique ou par les armes, à moins que ce derniers ne soient suffisamment agiles pour contrer leurs visées hégémoniques.
Malgré la proximité avec la Russie, des pays nordiques d'une taille équivalente à celle du Québec, tirent fort bien leur épingle du jeu, comme en témoigne un texte signé par Éric Desrosiers, dans Le Devoir : La richesse des (petites) nations.
«À l'instar du Danemark, la Suède ou la Finlande, ces éternels premiers de classe au point d’en être presque vexants, sans cesse donnés en exemples pour leur efficacité, leur compétitivité économique et la bonne gestion de leurs finances publiques en raison, entre autres, de leur capacité à adapter et à réinventer sans cesse et leurs politiques et leurs économies de manière pragmatique.(...)
(...) Ils ont appris à se spécialiser et à s’adapter à l’évolution et aux aléas de la compétition et de l’instabilité économique mondiale.» Ces pays servent aussi constamment comme modèles en matière de réduction de pauvreté et des inégalités.»
Dans les petits pots, les meilleurs onguents sauf que…
L’autre menace qui plombera l’économie du Québec, sera évidemment la victoire de Poilievre avec le retour, version 02, du légendaire «gros bon sens» qui n’aura finalement qu’un seul objectif : couper dans les programmes sociaux pour financer les pétrolières et octroyer des baisses d’impôt aux plus fortunés.
Les gens de ma génération se souviendront des coupes sauvages du gouvernement Harper pour l’assurance-emploi, les programmes culturels, l’environnement et les transferts en santé. Voilà ce que nous réserve l’arrivée des conservateurs, avec leur lot de complotistes avérés et de partisans pro-vie.
Ajoutons à cela les dérives affairistes des politiciens-comptables du gouvernement Caquiste. Depuis 2023, nous baignons dans un merdier social qui jusqu’à maintenant, a rarement été vécu : crise du logement insoluble, coupures en santé, en éducation et en francisation, itinérance, investissements douteux, pénuries de main d'œuvre exacerbées bref, la boussole de Legault sera sans doute détraquée jusqu’aux élections de 2026. On peut toutefois espérer qu’il oublie de gaspiller les 12 milliards projetés pour la construction de son risible troisième lien ;-)
Or, en plus des bourdes budgétaires de la CAQ, les menaces tarifaires de Trump vont possiblement saper l’économie du Québec qui - à l’instar du gouvernement fédéral - devra encore augmenter la taille de son déficit pour combler les pertes subies par la fermeture des entreprises hyper-dépendantes du commerce avec nos voisins du sud.
Depuis 2 ans, le déficit est d’environ de 11 milliards par année, Legault pourrait ajouter quelques milliards de plus pour emmerder le gouvernement qui va suivre aux élections de 2026, pourquoi s’en priverait-il ;-)
Un constat alarmant, mais révélateur d'un problème insoluble
L’addition de ces deux gouffres financiers, juxtaposées l’un à l’autre, risque de faire bousculer nos certitudes quant à la garantie d’un futur sécurisé sur la plan économique du Québec coincé dans le giron canadien. Dans les faits, nous ne saurons jamais si un «Québec indépendant » aurait pu faire mieux face à la calamité pandémique et les menaces de Trump, mais dans les faits, cette crise des finances publiques démontre noir sur blanc, que l’appartenance du Québec au sein du Canada n’est plus le gage d’une sécurité économique absolue.
C’est pourtant cet argument qui trônait sur l’échelle des craintes promulguées par les fédéralistes lors des référendums de 80 et 95. Ces derniers ont d’ailleurs recommencé à fredonner les mêmes âneries avec la collaboration d’André Pratte, alors que le Parti Québécois n’est pas encore installé à la gouverne de l’assemblée nationale.
« Un mensonge répété dix fois reste un mensonge; répété dix mille fois,
il devient la vérité. » - Adolf Hitler
Nous voici donc au cœur de la stratégie pré-référendaire pour nous convaincre de notre incapacité à faire rayonner un pays de 9 millions habitants, qui se situe à la 22e place parmi les 31 «économies avancées membres de l’OCDE» et que des études rigoureuses démontrent exactement le contraire. Le Québec-pays est viable sur le plan économique avec un seul bémol à ce qui a trait à la monnaie et le dollar canadien. Cette question fera évidemment l’objet de discussions ultérieures. À ne point douter…
S’il y a d’autres arguments qui sont défavorables à l’indépendance du Québec, la plupart seront négociés comme il se doit avec les représentants des instances fédérales sauf celles - il va de soi - des relations avec les Premières nations. Par bonheur et depuis peu, nos communautés se rapprochent et il semble possible d’envisager un dialogue serein pour faire avancer les négociations sur le modèle de «Nation à nation».
Entre maintenant et l’éventuelle tenue d’un référendum avant 2030, nous disposons de plusieurs années de discussions entre partenaires pour en arriver à un consensus, notamment avec les communautés autochtones situées au centre et au nord du Québec.

Remettre un fois de plus «l’épaule à la roue»…
Tel qu’il a été démontré précédemment, le statu quo politique n’est plus un gage de viabilité économique pour le Québec. Or, avant de toucher le fond du baril des relations infructueuses avec le Canada, ne serait-il pas opportun ré-actualiser les vertus de l’agilité des petits ensembles au détriment de la stagnation des plus grands ?
Ce questionnement semble avoir été entendu par bon nombre de Québécois déçus de subir les politiques rétrogrades des Harper, Trudeau, Charest et Couillard pour se tourner vers la rutilante «Troisième voie» de François Legault en 2018, ce dernier promettant un nouveau rapport de force avec Ottawa.
Comme il est désormais coutume de le constater, les demandes légitimes formulées par les Caquistes ont été - pour la plupart - rejetées du revers de la main. Il aura fallut qu'une crise sociale éclate, exacerbée par l'itinérance, le manque de logement et des services sociaux pour qu'enfin, ces deux gouvernements finissent par ajuster leurs flutes. Malheureusement trop tard, le mal étant déjà fait...
Le retour à la Raison d’état
La machine péquiste s’est finalement réveillée en octobre 2020 avec l’arrivée de Paul Saint-Pierre-Plamondon comme chef du Parti, puis en 2022 à titre de député élu à l’Assemblée nationale. Avec la collaboration de ses trois collègues, le quatuor péquiste a performé sur plusieurs enjeux malgré la petitesse de son caucus.
Alors que la CAQ s’enfonçait dans les entourloupettes électoralistes et les investissements controversés, le Parti Québécois organisait des consultations auprès de ses membres, mettait de l’avant des propositions audacieuses lors des Conseil nationaux et mettait de l’avant des réflexions appréciées par les chroniqueurs spécialisés ainsi que la population en général.

En janvier 2025, le Parti Québécois trône désormais depuis quelques mois dans les sondages et pourrait faire élire un nombre de députés suffisants pour former un gouvernement majoritaire. À Ottawa, le Bloc pourrait devenir l’opposition officielle mais il y a un hic : l’appui à la souveraineté pour un prochain référendum stagne et se maintient entre 35 et 40%. Alors que les électeurs de 55 ans et plus y sont favorables à 42%, pour les plus jeunes, notamment les 18-34, la tendance est à la baisse.
Le déclin des idéaux indépendantistes ?
Assez bizarrement, l'on assiste à un inversement générationnel des appuis à la souveraineté. Alors qu’au référendum de 95, les 18-24 avaient voté majoritairement pour le OUI, les 55 + pour le NON.
Pour avoir un aperçu de ces tendances et les comparer sommairement, j’ai bricolé - à partir de plusieurs sources sur le web - le tableau-ci bas en colligeant certaines données statistiques.

À ce qui a trait aux résultats statistiques, il faut quand même apporter certaines nuances puisque les méthodologies sont différentes d'une enquête à l'autre. Alors qu'un sondage de la firme Pallas affichait un score de 42,9% en 2023 en faveur de la souveraineté, il n'a suffit qu'une année pour augmenter de 2% et atteindre 44,4% pour la tranche d’âge de 18-34. Quant à celui de Québec 125, il indique un résultat de 34% avec une fluctuation de plus ou moins 8 points supérieurs aux résultats obtenus.

Dès lors, nous pourrions stipuler que la moyenne réaliste pourrait se situer aux alentours de 40% pour cette tranche d'âge qui a un fort potentiel de remontée puisque cet enjeu n'est présentement pas à l'ordre du jour. Ça risque de changer vite, et de beaucoup ;-)
Souvenons-nous que...
S’il va de soi que les résultats affiché sur le tableau précédent ne semblent pas encourageants, il faut se souvenir qu’avant le référendum de 95, les tendances étaient somme toute similaires, comme en témoigne le texte signé par Pierre Saint-Arnaud, publié le 14 novembre 2024, dans Le Devoir.
«Vérification faite, même après l’élection de Jacques Parizeau en septembre 1994, un sondage CROP Environics en février 1995, soit huit mois avant le référendum d’octobre de la même année, faisait état d’un appui de 40 % seulement en faveur de la souveraineté. Le jour du vote, le 30 octobre 1995, le « Oui » avait finalement récolté 49,42 % des voix.»
Souvenons-nous également que si les gens de la région Québec avaient voté comme les autres francophones québécois pour le OUI à 60%, les quelques 60,000 voix manquantes auraient possiblement suffi pour atteindre le fameux 50% +1.
Et souvenons-nous surtout du scandale du «référendum volé» par le Camp du NON avec son love-in canadien dont les coûts n’ont jamais été divulgués et que l’enquête réalisée par de la commission Grenier n’a jamais été rendue publique. Et pour cause, les sondages démontraient que le camp du OUI était en avance de quelques points 4 jours avant cette escroquerie référendaire !
Selon le Journal de Montréal, l'enquête a été « frappée d’une ordonnance de non-diffusion, de non-communication et de non-publication sans limites de temps», bref, inaccessible pour l’éternité !
Finalement, souvenons-nous que si le Parti Québécois propose un troisième référendum avant 2030, le temps pour s’y préparer devrait suffire dans la mesure où la machine péquiste est déjà en marche et que l’on serait en mesurer de déjouer les stratagèmes illégaux de nos adversaires politiques.

Cette détermination n’est pas étrangère au fait que - malgré le peu de visibilité de cette tendance - la plupart des nouveaux membres du parti sont associés au groupe d’âge qui se situe entre 18 et 34 ans, à un point tel, que leur présence dans les comités de circonscription surclasse les «vieux croutons» comme moi ou de mon ami Richard F. au centre de la photo.

Quant aux associations étudiantes péquistes, leur membership augmente continuellement et lorsque PSPP se présente dans les universités et les cégeps, les salles de conférence débordent et plusieurs doivent attendre dans les corridors pour une seconde séance, comme en mars 2024 à l' UdeM.
Lors du Conseil national qui s’est tenu à Drummondville en avril dernier, sur les 500 participants, plus ou moins 200 jeunes péquistes correspondaient à la tranche d’âge des 18 - 34.


Ajoutons à cela certains membres de QS qui ont des visées souverainistes, ceux de Génération Oui ainsi que OUI Québec, le nombre de sympathisants.tes pour l’option souverainiste augmente et va s'accélérer lorsque l'enjeu sera mis de l'avant.
Si l'on lorgne du coté d’Ottawa, Rose Lessard, présidente du Forum jeunesse du Bloc Québécois, se présente dans la circonscription Hochelaga—Rosemont-Est.
Bref, si l'on constate un intérêt marquant de cette génération pour l'indépendance du Québec, ce ne sera pas suffisant pour battre le score de 1995. Il en faut plus, beaucoup plus !
Si jeunesse savait, si vieillesse pouvait ;-)
Nous voici donc dans le vif du sujet qui devra être abordé au cours des prochaines années : saisir les distinctions psychologiques entre l’électorat de 1995 et celui du prochain référendum en prenant soin de comprendre les revendications des gens n'ayant pas encore atteint la cinquantaine pour y explorer d'éventuels consensus politiques. À contrario de celui de Parizeau où les plus jeunes devaient convaincre leurs parents de voter OUI, c’est maintenant au tour des plus vieux de convaincre les plus jeunes de l’importance que le Québec se joigne au concert des nations ! Comment s'y prendre ? Nous y reviendrons ;-)
En attendant de mettre en place une stratégie gagnante, l’histoire du Québec est enseignée dans les écoles et les jeunes auraient avantage à assister aux conférences Gabriel Coulombe portant sur les finances d’un Québec indépendant. Une belle occasion pour un papi ou une mamie, de passer du bon temps avec leurs ados ou jeunes adultes, tout en ayant la possibilité des rencontrer des gens sympathiques et hyper allumés ;-)

Pour obtenir des informations sur les conférences de Gabriel Coulombe,
contactez le Bureau de la Permanence nationale.
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Afin de compléter sommairement les observations de ce blogue, voici quelques liens vidéo et articles de journaux.
Rose Lessard : un appel à la jeunesse pour l'indépendance québécoise (À écouter sur QUB Radio)
La richesse des (petites) nations (Hyper intéressant, fichier PDF, ci-bas)
Les petites nations et la redistribution Par Alain Noël, Université de Montréal, un résumé.
Avec Antoine Ross Trempe, Jonathan Roberge et Aurélie Lanctôt
Boris Proulx , Correspondant parlementaire à Ottawa
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*La Société Saint-Jean-Baptiste du Centre-du-Québec (SSJBCQ), coordonnatrice de la Fête nationale dans les cinq MRC de la région centricoise et membre du Mouvement national des Québécoises et Québécois, a présenté la thématique 2017 de la Fête nationale du Québec : « Québec, emblème de notre fierté ». Le visuel met en évidence l’emblème aviaire du Québec, le harfang des neiges, qui célèbre cette année son 30e anniversaire. Pour lire l'article de l'Express : https://www.journalexpress.ca/2017/04/10/quebec-embleme-de-notre-fierte/
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