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Déjà dix ans....

Dernière mise à jour : 2 sept. 2023

Lors du décès de ma mère en 2013, j’avais réalisé une vidéo gravée sur un DVD relatant sommairement sa vie familiale et artistique qui avait été remis aux proches de la famille. Puisque dix ans se sont écoulé depuis son décès, j’ai pu récupérer quelques unes de ses créations, notamment des aquarelles, mais sûrement pas l’ensemble de son oeuvre. La plupart des tableaux ont été vendus à des amateurs d’art ou offerts en cadeau à des gens difficilement retraçables. La recherche que nous avions lancé n’a pas donné les résultats escomptés.



Or, malgré cette infortune, il en reste plusieurs qui méritent toujours l’attention des amateurs d’art abstrait, dont l’un d’eux, Paysage d’hiver, a été conservé dans les voutes de la Société des Arts de Chicoutimi pour possiblement être présenté dans une exposition en France. À cet égard, ma mère été invité à participer au Salon des nations de Paris en 1984, ainsi qu’à la Galerie Mouffe. Faute de moyens financiers et assujettie à une santé fragile, elle n’a pu s’y rendre.


Pendant la décennie 90, elle a cessé de peindre des tableaux et a préféré la lecture. Elle nous a quitté le 3 août 2013. La nouvelle vidéo que je viens de produire, est réservée «aux amis de nos amis» pour que vous puissiez aller à sa rencontre. Vous n'avez qu'à cliquer sur l'image ci-bas. Bon visionnement…




«L’exception» qui a défié une certaine conformité…


Ma mère, que la plupart des gens appelaient Margot, était - selon l’avis de ceux et celles qui l’on connu - une femme exceptionnelle à plusieurs égards.


D’abord, pour sa résilience, sa détermination à surmonter les épreuves. On ne peut compter le nombre de fois où les médecins étaient persuadés qu’elle ne se remettrait pas des maladies qui l’assaillaient. Lors de la naissance de Serge, elle a perdu son utérus et manqué mourir dû à une importante perte de sang.


S’en est suivi de graves problèmes d’adhérence aux intestins, un taux de plaquettes sanguines tellement bas qu’il était périlleux de lui faire subir des interventions chirurgicales et la liste de ses problèmes de santé pourrait s’allonger encore. Jusqu’au 3 aout 2013, jour de son décès, elle avait gagné tous ses combats contre la maladie.


Ensuite, ses talents d’artiste, son imagination. Lorsque l’on s’intéresse à la signification de ses œuvres, les qualités esthétiques de ses coups de spatule, de ses mises en scène complètement éclatées pour exprimer la spiritualité, la critique sociale, sa pensée intérieure, force est de constater que c’est la recherche intellectuelle qui animait sa démarche artistique, au détriment de la profitabilité.


À cet égard, il faut préciser que hormis les activités liées aux vernissages, Margot détestait «mercantilisme» obligé de la profession d’artiste. Retournons à l’époque des années 70, dans une région éloignée des centres urbains, où la population n’a que très peu d’intérêt à soutenir la création artistique. Certains ou plutôt «certaines» de ces non-initiées allaient même à désigner ses tableaux comme de «beaux cadres» ou lui demandaient bêtement d’harmoniser les couleurs de ses oeuvres à celles du mobilier de salon.


Une persévérance, une détermination inébranlable


Malgré ces allusions mesquines, elle a persévéré dans sa quête de symbolisme pictural jusqu’à chercher à représenter les interactions entre Dieu et les Hommes, l’emprise des femmes dans un contexte se domination masculine, la chute de l’emprise catholique représentée par des clochers cassés créant ainsi le désarroi social, la folie de la surconsommation dans les centre commerciaux, l’enchaînement des couples dans un contexte de justice cléricale, l’espoir de la venue d’un leader (spirituel ?) pour retourner aux valeurs humanistes liées à la philosophie de Jésus.


Bref, il faut prendre temps de décoder la signification de ses tableaux plutôt que de s’attarder à l’esthétisme primaire (qualité de réalisation technique) hyper complexe à matérialiser visuellement. Représenter des «idées», des concepts sociaux, l’esprit humain voire «l’âme» n’est pas une mince affaire et elle a persévéré dans cette recherche de représentation de l’intelligible, quasi impossible à illustrer, mais sans faire de compromis serviles pour satisfaire les exigences du marché. «Défier la conformité» au détriment d’une carrière prolifique aurait pu être le mot d’ordre qui a gouverné les pulsions artistiques de Margot.



Une artiste véritable, dans le sens noble de terme.


À cet égard, lorsque l’on porte attention à la définition du mot artiste, on peut y déceler des similitudes avec son attitude rebelle qui n’avait rien à voir avec le marché traditionnel de «l’art» régional, se cantonnant principalement dans les bureaux d’avocats et des banques.


«Un artiste est un individu faisant œuvre, cultivant ou maîtrisant un art, un savoir, une technique,

et dont on remarque entre autres la créativité, la poésie, l'originalité de sa production, de ses actes,

de ses gestes. Ses œuvres sont source d'émotions, de sentiments, de réflexion,

de spiritualité ou de transcendance.»


Finalement, son ouverture d’esprit, ses capacités à comprendre le monde dans lequel elle vivait, ont fait en sorte qu’elle ne semblait pas vieillir. Qu’il s’agisse d’affaires publiques, de spiritualité, d’écologie ou d’économie, ma mère s’intéressait à l’essentiel avec un esprit critique affirmé, une réflexion documentée. À l’âge de 82 ans, elle lisait encore le Devoir, ne manquait pas un reportage de l'émission Découvertes ou de Second regard.


Jusqu’à son arrivée aux Jardins des anges (Solican), nous espérions, mon frère et moi, qu’elle relève une fois de plus le défi de la vie, mais elle en a décidé autrement.


Jusqu’à la fin, elle aura été fidèle à ses convictions, son autonomie et sa liberté de penser. Un femme d’exception, une vraie…




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L'ALLÉGORIE SYMBOLIQUE, COMME MOYEN D'EXPRESSION ARTISTIQUE…


Comme il a été mentionné précédemment, son style, non-figuratif et axé sur la métaphore symbolique ne convenait pas au marché de l’art régional et elle a persévéré dans cette recherche de représentation philosophique.



À titre d’exemple, prenons ce tableau à la couleur dominante bleu qu’elle n’a pas signé ni titré. Il trône encore sur le mur de ma chambre depuis son décès et je me suis permis de le nommer « Libération ». Mon analyse n’a pas fait l’objet d’une vérification de sa part mais j’estime qu’elle ne serait pas en désaccord avec mon propos d’autant plus qu’il est imaginable qu’elle se soit - subtilement et volontairement - mise en scène.


Une analyse non formalisée mais, possiblement révélatrice


Quatre éléments iconiques principaux figurent sur ce tableau. D’abord, une femme d’un certain âge, (représentation de ma mère ???) entourée d’un filet qui semble s’entrouvrir, ensuite des oiseaux blancs, possiblement des colombes qui cherchent à sortir d’un filet pour se diriger vers un espace imaginaire flou, non défini. Ma mère lisait beaucoup et apprécient les documentaires traitant de spiritualité mais n’adhérait aucune doctrine religieuse. L’on pourrait situer sa réflexion entre la philosophie de « Jésus » et la «libre pensée» humaniste.


Revenons donc à cet espace imaginaire en haut du tableau qui pourrait - possiblement signifier - «la sagesse» / «l’immortalité» / «l’au delà» / «illumination» / ou - en référence à la couleur mauve, la mort. Puisque les colombes semblent s’enfuir par l’ouverture du filet, d’une emprise ( la vie ? ), pourquoi pas « Liberté de choix ...» dans le sens noble du terme.


Finalement, l’on peut remarquer que l’ouverture du filet pour laisser s’échapper les oiseaux semble actionné par le bras de la femme. Or, se serait elle (ma mère) qui décide de la suite des évènements et l’on pourrait imaginer qu'une quarantaine d'années plus tard, cette mise en scène serait le prélude ou le présage, de la décision qu’elle a prise en 2013, celle de choisir une fin de vie malheureusement inadéquate, mais dans une certaine mesure, souveraine.














 
 
 

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