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L'État et les vieux : Intentions vertueuses et «Deus ex machina»

Dernière mise à jour : 19 janv. 2021

Qui n’a pas été ému et troublé à la publication du rapport des Forces armées canadiennes

sur les établissements ontariens de personnes âgées ? Un rapport en préparation pour le Québec, de la même source, sera fort probablement de la même eau.

Sauf en dérision ou par cynisme, qui pourra désormais considérer la vieillesse

comme l’âge d’or ou le bel âge ? Quelle imposture langagière !

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Contrits, les gouvernements promettent d’y voir. Leur contrition serait-elle parfaite pour le moment, elle risque fort de ne pas résister au temps. Depuis des décennies, on sait en effet que les maisons de vieux constituent des mouroirs souvent abjects. On en est resté au constat, sans mesures concrètes pour régler des problèmes dits systémiques, qui ont culminé avec la pandémie.


Sauf scénario improbable, ça ne changera pas. L’empathie pour les vieux s’estompera dans l’opinion publique au même rythme que les gouvernements reviendront au vraies affaires et aux impératifs du deus ex machina de la planète entière : la croissance du PIB.


Dans cet enjeu, les vieux s’inscrivent au passif, car ils coûtent cher et ne rapportent rien. Quand le pire de la pandémie sera du passé, il se trouvera bien des partis politiques pour promettre à la classe moyenne, qui fait et défait les gouvernements, des règles fiscales accommodantes. Idem pour les rupins, dont un article de la foi néo-libérale dit que leur richesse percole jusqu’aux classes inférieures.


Pour respecter cette double contrainte de croissance du PIB et de frugalité de l’impôt, l’austérité budgétaire deviendra incontournable. Encore une fois, le sort des vieux, faute d’argent public, ne changera qu’à la marge, au mieux.


Je suis retraité, autonome, sans problème cognitif et, ma foi, je continue de vivre avec plaisir. Ma limite, comme pour bien d’autres personnes sans doute, c’est l’autonomie. Je sais depuis quelques années déjà que je ferai tout en mon pouvoir pour éviter de finir mes jours dans un de ces mouroirs. Peut-on espérer que les critères de l’aide médicale à mourir soient élargis pour inclure tous ceux et celles qui refusent la perspective d’une vie avec un seul bain par semaine et de couches souillées dans lesquelles les vieux marinent pendant des heures, entre autres avanies ?

Le moment venu, je souhaite avoir la possibilité de mourir dignement dans un cadre médical. Au besoin, toutefois, je me passerai de la permission de l’État, car entre mourir de façon plus ou moins digne ou finir mes jours dans une longue agonie indigne, ma préférence va nettement au premier terme de l’alternative.


Claude Garon

Montréal

 
 
 

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