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L’élasticité relative du temps...

Dernière mise à jour : 20 janv. 2023

Lorsque j’interroge mes amis-es sur l’intérêt qu’ils pourraient avoir à se questionner

sur la nature ou la fonction du « temps », la réponse générale s'articule ainsi :

«Non, je constate simplement qu’il passe, sans plus».



Au fil de l’histoire de l’Humanité, moult philosophes, physiciens et penseurs de disciplines diverses ont élaboré des théories pour essayer comprendre ce que pourrait être le temps. Et jusqu’à ce jour, il semble encore impossible de statuer sur la nature intrinsèque du temps.


En ce qui me concerne, j’ai découvert l’importance du «temps» pendant la pandémie. Avant l’arrivée de cette infortune, j’en manquait toujours et je n’avais pas le loisir de me questionner sur ce sujet parce que j’avais d’autres choses à faire. Mais aujourd’hui, suite à plusieurs mois de confinement et de restrictions, il en va autrement d’autant plus que ce n’est plus le citoyen qui gère la prévisibilité de son agenda : ce sont les mesures sanitaires dictées par un État exacerbé par cinq vagues de Covid. De là, l’analogie avec une certaine « élasticité du temps » qui ne cesse de se suspendre, s'étirer puis se relâcher, et vice versa depuis deux ans.


Des perceptions aléatoires, l'inanité insupportable


En admettant l’hypothèse que cette crise sanitaire puisse avoir créé des statuts distincts au sein de la population, il va de soi que les conséquences sur notre perception du temps «qui passe ou ne passe pas» puisse prendre plusieurs formes. D’une part, ceux et celles qui ont continué de vivre leur «train train quotidien», au boulot ou en exerçant leurs professions avec les restrictions d’usage et de l’autre, les gens qui ont perdu leurs emplois, les retraités, artistes et autres victimes de cet arrêt quasi-complet de leurs activités.


Alors que les premiers - parce que submergés par le travail - devraient avoir l’impression de manquer de temps, les autres, confinés dans leurs logis, en ont beaucoup trop à écouler. À titre d’exemple, pour les résidants des villes où les sports extérieurs sont difficilement accessibles, que peut-on faire dans une journée de 24 heures où la plupart des humains sont éveillés pendant plus ou moins 16 heures ?


Un présent anxiogène, un futur déjà abrégé...


Si l’on retranche les heures alloués à la préparation et la consommation des repas, environ 3 heures, la revue de presse matinale, le ménage et autres petites besognes quotidiennes, il reste environ une douzaine d’heures de « temps libre » à occuper dans une journée. Or, si l’on peut s’adonner à la lecture de romans, écouter des séries télé, pratiquer une activité de loisir individuel et prendre des marches, un fait demeure : en additionnant la durée de chacune de ces activités, il restera toujours de longues périodes vacantes à combler. Le cerveau humain ne pouvant s’arrêter de penser, il se passe quoi avec ces milliards de neurones avides de sensations fortes - lorsqu’il n’y a , en bout de ligne - absolument rien à faire ?


Nos «hamsters» intérieurs s’agitent, l’anxiété gagne du terrain et provoque une forme d’angoisse que l’on pourrait comparer à un balai mécanique qui aspire et retranche du réel ce temps précieux pour le pousser dans l'abysse du néant. Et lorsque notre âge se situe dans la quintessence de la mi-soixantaine, chaque seconde de vie compte, toute perte de temps causée par une attente justifiée ou non, constitue un gaspillage temporel qui ne sera jamais renouvelé.


Imaginez ce que cela signifie pour une personne vivant seule, dans une ville comme Montréal, en plein hiver sans accès à un lieu commun comme un parc pour discuter entre amis-es avec en prime, un couvre-feu à 20 heures. Les détenus de la prison de Bordeaux ont sûrement jouit d’un plus grand choix d’activités sociales que les confinés du Plateau en 2021 ;-)


Un homme averti devrait en valoir «deux» !


Afin d’éviter le scénario de l’hiver dernier, je m’étais concocté un bouquet d’activités de proximité. Achat de billets pour assister à des conférences, inscription à des séances de mise en forme physique, offre de bénévolat en communication pour soutenir des causes ou organismes du quartier et malgré mon peu d’enthousiasme pour les conférences sur Zoom, je m’étais inscrit à des activités éducatives en ligne.


Or, à la fin de décembre, Omicron n’avait pas dit son dernier et au début de 2022 nous sommes tenus de re-jouer dans le même film : cinémas, bars, salles de spectacles, espaces de rencontres en groupe et gymnases fermés. Ainsi, les activités que j’avais sciemment programmées à mon agenda sont toutes suspendues sauf, celles accessibles via le web. Alors que l'ensemble des «psys» de ce monde souhaitent que l'on diminue notre temps d'écran, voilà qu'il passera de quelques heures par jour à la quasi-totalité de nos journées !

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Mieux vaut « trois », pour t’assurer que « deux », tu l’auras.


Vous l’avez sans doute remarqué en introduction de ce blogue, j’ai volontairement mis l’emphase sur le mot « temps » puisqu’il s’agissait - du moins en partie - de la thématique du cours à lequel je m’étais inscrit dans un établissement universitaire et qui a finalement été annulé.


En plus de Stephen Hawking qui avait publié un ouvrage sur le sujet, Une brève histoire du temps, plusieurs philosophes et penseurs, dont Augustin d'Hippone, se sont questionnés sur la nature du temps, sa «possible» existence ou non et ses fonctions.


D’autres ont poussé la réflexion encore plus loin : le temps, est-ce une abstraction philosophique, un concept immatériel relevant de la physique, qu’est donc (???) et qui peut bien en parler ? Le physicien Étienne Klein tente d'y répondre dans une conférence très explicite prononcée à Nantes. Je me suis donc intéressé à lire sur ce sujet et cette activité m’aura permis « d’occuper mon temps » pendant quelques semaines.


La seconde activité en ligne, une série de conférences organisée par Les Belles Heures de l’UdeM « Histoire des sciences » animée par Yves Gingras. La première a été diffusée à la mi-janvier et promet également - puisque le contenu est hyper-intéressant - de pouvoir « écouler du temps » sans trop m’emmerder, jusqu’à l’arrivée du printemps.



La troisième et la dernière, les films présentés sur les plateformes de diffusion en ligne. Après avoir fait le tour des offres en streaming et regardé les productions disponibles sur les sites de l’ONF, Tout.tv, MK2, le cinéma Beaubien, Illico, etc., force est de constater que Netflix propose des films intéressants et ce, en parfaite exclusivité. Donc, malgré mes réticences au chapitre de l'équité fiscale, je m'y suis abonné pour quelques mois. Lorsque l’on est enfermé dans un appart en plein hiver et que l'on cherche des solutions pour faire passer ce «temps qui n’en fini plus de s’allonger», le confiné fini par céder à la tentation et sort le chéquier !


Ce «temps perdu», qui ne se retrouvera plus…


De l’avis des certains de mes amis nouvellement retraités, cette pandémie aura complètement bousillé deux années importantes de notre existence. Alors que nous sommes - pour la première fois de nos vies d’adultes - libres du choix de nos activités quotidiennes, voilà que ce sont les murs de nos logements qui en deviennent les frontières, que les réseaux numériques s’imposent désormais comme l’intermédiaire obligé de nos relations humaines et culturelles.


Or, en plus de ces limites imposées par la crise sanitaire, le climat social se détériore et le clivage s’impose entre «Pros et Anti-toutte», entre la majorité silencieuse qui veut en finir avec cette calamité et cette minorité tapageuse qui s’acharne à faire perturber notre perte de liberté, même si leurs slogans stipulent exactement le contraire !


Voici donc le dernier stress, qui pousse à outrance cette impression que le «temps est figé», ou pire : qu'il est devenu circulaire ! Coincés dans nos apparts depuis des semaines, on tourne en rond et dans le but d'occuper ce temps «désormais perdu», on ré-coute les mêmes bulletins de nouvelles, en boucle et qui répètent - jour après jour - les mêmes désolations de la veille.


Heureusement, le 25 janvier 2022, le gouvernement Legault a annoncé l’allégement de certaines mesures sanitaires et l’on voit voit poindre - comme le dirait l’illustre inconnu - le «boutte» de cette impression de vide. Nonobstant cet embelli qui annonce un retour à une certaine normalité, les deux années perdues pendant cette pandémie, m’auront fait vieillir prématurément, diminué physiquement et changé à tout jamais ma vision de la vie en commun.


Non, le temps ne jouit d'aucune élasticité. Le passé est déjà consumé et le présent bascule constamment dans les méandres d'un futur qui, pour bon nombre, semblerait plutôt angoissant...


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Pour aller plus loin, voici quelques liens.


Le temps élastique: quelques astuces pour dompter l'élasticité du temps





L’élasticité du temps dans notre cerveau et en physique




L’élasticité Du Temps (Robert Marleau)


https://www.robertmarleau.com/blog/2010/05/31/lelasticite-du-temps/



Les conceptions générales du temps




Cours portant sur le temps



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Influence d'Augustin sur le monde occidental



La philosophie du temps selon Augustin.


NOTE : Ça vaut la peine de lire ce texte pour saisir l'ampleur du questionnement de cette notion, il y a plus de 1600 ans.



Un bon résumé de sa théorie




«Le coup de Phil # 26»


Vidéo rigolote qui résume très bien sur les théories sur le temps d'Augustin.





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L'Histoire de l'univers.


Vidéo intéressante commentée par Steven Hawking.




Une brève histoire de Stephen Hawking en vidéo




Une brève histoire du temps, très bien résumé, par 10 chapitres, sur Wikipédia



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Étienne Klein : Qui a autorité pour parler du temps ou (Qui est légitime pour en parler bien)


Excellente conférence de l'auteur présentée à l'université de Nantes




Le site de vulgarisation d'Étienne Klein










 
 
 

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