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Entre cynisme ambiant et ineptie politique, le pragmatisme des « Z » risque de nous surprendre ;-)

Dernière mise à jour : 28 janv.

Les gens de ma génération ayant voté OUI à deux référendums, aimeraient bien que le Québec rejoigne le concert des nations - en partenariat avec les premières nations et les nouveaux arrivants - lors de la prochaine consultation. Rien à voir

avec une lubie passagère, pour nous, c'est « existentiel » ;-)


Rencontre de jeunes militants et militantes du Parti Québécois sur une terrasse de Montréal, automne 2024.
Rencontre de jeunes militants et militantes du Parti Québécois sur une terrasse de Montréal, automne 2024.

La conclusion du blogue précédent rappelait que les jeunes de 18-34 ans ainsi qu’un segment important des «X» et des «milléniaux» semblaient moins favorables que leurs aînés pour appuyer la souveraineté du Québec. Ce texte rappelait également que nous - présumés «babys boomers» - devions comprendre les motifs de ce désintéressement et chercher les corrélations entre leurs aspirations légitimes et les avantages de vivre dans un pays souverain. 


Évaluation des appuis en 2024. 


Selon le dernier coup de sonde de la firme Pallas, le groupe d’âge 18-34 est favorable à 44,4 % à un OUI alors que celui de Qc125, affiche plutôt un score de 35% avec une fluctuation pouvant dépasser les 40%. Puisque les méthodologies sont distinctes et ne reposent pas sur les mêmes critères, nous pourrions stipuler que ce taux d’approbation est de + ou - 40%. Idem pour les 34-55 alors que pour les 55+, selon QC 125, il est de 42%, lorsque réparti (proportionnelle). Il s’agit du pourcentage d’approbation le plus élevé et il ne pourra pas vraiment augmenter. Il faut donc miser sur les générations plus jeunes. 



Quoi que très approximative, cette base statistique est le point de départ sur lequel devra s’édifier une stratégie pour le prochain référendum en prenant soin de ne pas oublier que les appuis pour le OUI en 1995, étaient somme toute similaires à 2024 et n’eut été de la fraude fédérale et de la désaffection des gens de Québec, Parizeau gagnait «haut la main». Respirons donc par le nez ;-) 



Le désintérêt des jeunes pour le projet souverainiste


Il faut d'abord rappeler que les jeunes étaient majoritairement favorables pour l'indépendance du Québec en 1995. Plusieurs facteurs expliquent ce désintéressement et des dizaines de recherches ont porté sur le sujet. Voici quelques observations puisées à même plusieurs sources distinctes que j’ai amalgamé à un document Évolution de l’appui à l’indépendance du Québec de 1995 à 2015, par Simon Langlois*.

«Les choses ont changé depuis les années 1990. Le développement social et économique du Québec a enlevé au mouvement souverainiste un important levier de mobilisation collective, au point où le ressentiment lié aux griefs et aux revendications d’autrefois est pratiquement disparu.» 

L’identité québécoise semble moins menacée grâce aux réussites de la Révolution tranquille.  Les gains linguistiques, culturels et sociaux obtenus ont contribué à renforcer l'identité québécoise à l'intérieur du Canada. Pour de nombreux jeunes, cette identité semble bien établie, même sans souveraineté. 


Or en 2015, la cause est jugée moins pertinente et les priorités changent pour s'intéresser aux enjeux globaux comme le changement climatique, l'égalité des genres et les défis liés à la mondialisation.

«Les personnes en emploi (et par extension les étudiants, futurs actifs de demain) ne rencontrent plus les mêmes obstacles à leur avancement professionnel qu’autrefois : l’anglais est moins perçu comme étant menaçant, mais plutôt comme une langue fonctionnelle.» 

L'héritage des échecs référendaires


L'échec du référendum de 1995 a laissé un sentiment de résignation chez de nombreux Québécois, une impression transmise aux générations suivantes avec une absence de momentum. Pour bon nombre, il s’agit d’une désillusion collective, une histoire de «looser» qu’il faut mettre de coté et passer à autre chose. Le mouvement souverainiste est souvent perçu comme appartenant à une génération plus âgée, et ses préoccupations semblent parfois éloignées des réalités et des valeurs des jeunes d’aujourd’hui.  

«Depuis 1995 - hormis la courte prise de pouvoir du gouvernement Marois - aucun événement majeur ou projet mobilisateur n'a ravivé l'intérêt pour l’indépendance. Par ailleurs, «Québec solidaire a fait concurrence au Parti Québécois, de même que Option nationale, plus marginal, ce qui a entraîné une division des votes qui n’est pas sans nuire à la probabilité qu’un parti souverainiste/indépendantiste prenne le pouvoir. (...)
Finalement, «l’émergence de la Coalition Avenir Québec (CAQ) – parti politique nationaliste, mais non indépendantiste – a aussi modifié considérablement le portrait politique en ralliant un bon nombre de nationalistes francophones.»  (Évolution de l’appui à l’indépendance du Québec de 1995 à 2015 Page 80)

Conclusion partielle — et / ou personnelle de ce désintéressement ;-)  


Il y aurait certes d’autres motifs qui expliquent ce basculement politique mais retenons que les priorités électorales de 2015 (Simon Langlois) différaient de celles de 1995, que le matraquage incessant des élites fédéralistes a fini par percoler dans la tête des plus jeunes et qu’il n’y avait rien de très valorisant de s’emballer pour une option supposément révolue. 


Prenons l’exemple du parcours d’un adulte qui a aujourd’hui 32 ans. En 2012, cette personne était âgée de 20 ans et terminait ses études collégiales et/ou amorçait une première année universitaire. Pour ce jeune adulte, le référendum de 1995 est un échec cuisant qui a laissé un goût amer, qu’importe l’option privilégiée par ses parents. 


Manifestation du 14 avril 2012 a Montréal, Auteur Jean Gagnon. https://commons.wikimedia.org/wiki/
Manifestation du 14 avril 2012 a Montréal, Auteur Jean Gagnon. https://commons.wikimedia.org/wiki/

Ensuite, pour financer ses cours, il a dû cogner sur des casseroles pour éviter des hausses de droit de scolarité, quelques mois plus tard, Drainville propose une Charte des valeurs qui ne passe pas la rampe de l’opinion publique et ça continue de plus belle avec «l’austérité» de Couillard, jusqu’à la rutilante troisième voie de Legault qui n’a jamais fonctionné, avec en prime des déficits à répétition et un risible troisième lien ! Du cynisme politique à l’état pur ! 


Entre cynisme et bêtise politique, le pragmatisme semble se réinventer ;-) 


En parallèle de ce vide sidéral d’idées novatrices, les médias sociaux foisonnent et se multiplient à l’infini, la culture américaine gagne du terrain partout au détriment des artistes francophones, les Netflix, «X» et autres plateformes avec leurs «fake news» explosent jusqu’à réussir à faire élire une crapule Trumpiste qui - pour flatter son égo - s’amuse à faire trembler le Canada et le reste du monde ! 


À cela s’ajoute la crise climatique, l’inflation galopante, l’incapacité de se loger, de se faire soigner et même d’avoir des enfants bref, dans ce bordel sociétal extrême, quelle importance peut-on accorder à un projet dit «séparatisse» dans un Canada qui dépense des milliards dans les champs de compétence des provinces pour s’acheter des votes ! Dès lors, pourquoi se séparer du «plus meilleur pays du monde» ? 



Malgré cette énumération d’arguments défavorables

à la souveraineté du Québec, de 35 à 44% du groupe d’âge des

18-34 voteraient OUI au prochain référendum.


WOW !


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Quelles sont les aspirations des gens de ce groupe d’âge ?


Les jeunes Québécois.ses, comme les jeunes ailleurs dans le monde, ont des aspirations qui impliquent leurs valeurs, leurs préoccupations et leur vision du futur. Voici quelques tendances recensées sur des sites spécialisés en RH qui pourraient s’apparenter à une analyse sociologique en développement.


Les adultes de la tranche d’âge 18-34 semblent souhaiter un Québec plus respectueux de l'environnement, avec des initiatives pour réduire les émissions de carbone, protéger la biodiversité et promouvoir l'énergie verte. Pour ceux et celles qui vivent dans les régions où cela s’avère être possible, l’idée de réaménager les villes avec des transports publics efficaces et des pistes cyclables semble s'imposer. N’oublions pas que de posséder une voiture représente une dépense importante qui ne peut pas être attribuée à d’autres postes budgétaires, tels que la culture ou les sorties. À cet égard, plusieurs jeunes ne possèdent pas de permis de conduite et préfèrent la mobilité active. 

Selon Francine Dufresne, qui a signé un texte dans la Presse, Les clés pour mobiliser la génération Z , cette génération se démarque par son fort engagement social, notamment envers la santé physique et mentale, la sécurité économique, l’engagement civique, l’équité sous toutes ses formes. 

Ce désir d’équité où toutes les communautés, peu importe leur origine, leur orientation sexuelle ou leur situation socio-économique, soient respectées et aient les mêmes chances de réussir, passe inévitablement par des conditions de vie égalitaires et l’un des vecteurs déterminants pour y parvenir - hormis le niveau des revenus - sont les dépenses que les ménages doivent consentir pour se loger et/ou acquérir une résidence.


Ateliers organisés (ROMEL), présentés par la Fédération de l’habitation coopérative du Québec (FHCQ)
Ateliers organisés (ROMEL), présentés par la Fédération de l’habitation coopérative du Québec (FHCQ)

Depuis 2022, ce désir est soumis à des limitations extrêmes et la recherche de solutions s’impose comme un défi quasi insurmontable.


De là l'intérêt grandissant des jeunes désirant vivre dans les coopératives d'habitation.




Les Zoomers sont également reconnus pour leur pragmatisme. Paulyne Sombret, rédactrice de la plateforme Deskbird, stipule «qu’ils sont très pratiques et lorsqu'ils reçoivent des informations claires et sont exposés à une communication transparente, ils mettent rapidement les choses en action.

«Une fois qu'elles connaissent les objectifs, elles font de leur mieux pour trouver des solutions réalistes et les atteindre de manière rationnelle et sûre.» Et ces solutions existent, vous y reviendrons. 

Mais avant d’aller plus loin, voici une liste abrégée des attentes et aspirations de la génération Z (personnes nées entre 1997 et 2010) résumées très sommairement :


- Rêve de vivre dans une société inclusive et équitable;

- À l’affût des opportunités professionnelles stimulantes;

- Apprécie l’innovation technologique et est constamment branchée;

- Favorise l’équilibre travail-vie personnelle;

- Privilégie l'engagement social et le leadership climatique;

- Préfère le pragmatisme et apprécie l’action;

- Aimerait possiblement fonder une famille, milite pour le féminisme; 

- Cherche à avoir un impact positif et à faire partie de quelque chose

de plus grand qu’elle-même.


Ces caractéristiques sont évidemment variées et évolutives, mais en quoi le projet de souveraineté du Québec serait incompatible avec les aspirations des citoyens de ce groupe d’âge ? 


Compatible oui, mais avec certains bémols ;-) 


Nous l’avons observé précédemment, le désintérêt des jeunes pour le projet souverainiste a décliné jusqu’à15% d’appuis et semble vouloir rebondir mais il faut se méfier des nouveaux clivages politiques. Selon Éric MONTIGNY, (2016), «l’opposition fédéralisme‐souverainisme, comme enjeu structurant de l’espace politique et partisan s’est modifié au profit de nouveaux paramètres sociaux.» Ce que le chercheur nomme « la fin des Oui et des Non » a évolué pour correspondre à des nouvelles attentes sur le plan politique. 

«Deux autres axes structurants semblent gagner en importance depuis plusieurs cycles électoraux : le clivage gauche‐droite (auquel on peut associer les questions économiques, sociales et environnementales) et celui entre le nationalisme et le cosmopolitisme (où l’on retrouve notamment l’identité et la langue) ce qui représente autant d’occasions de socialisation politique pour les générations d’électrices et d’électeurs qui n’ont pas vécu le dernier référendum sur la souveraineté du Québec de 1995.» (Montigny, 2019).

Il semble donc que pour créer de nouvelles occasions de socialisation et ainsi motiver cette génération à s’intéresser à la politique, il faut modifier et/ou ajouter des enjeux concrets à la question référendaire. Le «bémol» évoqué précédemment est donc le suivant : «la supposée fin des Oui et des Non» nécessite un revirement spectaculaire de la stratégie péquiste pour arrimer le programme électoral aux attentes et besoins de cette génération. 


Puisqu’il s’agit du groupe d'électeurs ayant le plus grand potentiel d’adhésion à l’option souverainiste, il faut viser une augmentation de 20 points d’appuis supplémentaires, soit passer de 40% d'appuis en 2024 pour atteindre 60 % (idem à 1995) au prochain référendum pour une victoire du Oui !


Dès lors, il n’est pas impossible que nous puissions célébrer la naissance de ce nouveau pays en compagnie de nos nouveaux et nouvelles amies, qu'importe leurs pays d'origine !




(P.-S.) La prochaine publication portera sur la vision sociale et/ou projet de société qui pourrait satisfaire aux attentes de la génération Z.




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