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Et si l’on avait l’assurance de « finir sa vie » comme on le souhaite…

Dernière mise à jour : 15 nov. 2022



Jusqu’à ce jour, l’Aide médicale à mourir a joué un rôle essentiel afin d'éviter des souffrances inutiles pour des personnes aux prises avec des maladies incurables et a permis à des gens de mourir dans la dignité. Si la population en général admet le principe que des personnes devenues inaptes (troubles neuro dégénératifs) puissent enfin bénéficier de l’AMM par l’entremise de demandes anticipées, il serait imaginable que l’on puisse élargir cette prestation des services médicaux à d’autres fins.


Les années futures seront extrêmement difficiles à vivre pour bon nombre de personnes âgées. Alors que certains-es devront vivre seuls ou n’ont pas d’enfants, d’autres souffriront d’un manque prévisible de ressources financières, notamment pour se loger décemment et pour plusieurs sexagénaires, l’éventualité de finir sa vie sans un CHSLD représente une option irrecevable.


À titre d’exemple, en 2013, ma mère âgée de 82 ans - hospitalisée et dépressive - a refusé l’offre qui lui était faite de poursuivre sa convalescence dans un établissement de ce genre et a opté pour une solution drastique : terminer sa vie dans un centre de soins palliatifs à sa sortie de l'hôpital. Sauf que, n’étant pas atteinte d'une maladie incurable ni d'un cancer en phase terminale, la procédure thérapeutique consistait à cesser de l'alimenter.


Quoi que soulagée régulièrement par des injections de morphine, il aura fallu attendre 10 jours de souffrances psychologiques avant qu’elle ne puisse enfin rendre l’âme.


Voilà exactement ce qu’il faut éviter pour ceux et celles qui n’auront pas envie d’éterniser leur fin de vie. Lorsque l'on assiste à l'interminable agonie d'un être cher, notre vision de la mort se voit bousculée avec une certitude : lorsque la décision d'en finir est prise, l'ultime responsabilité des instances médicales devrait consister à en accélérer le processus, non de le suspendre ! Dix jours à attendre / espérer / souhaiter / ce « dernier souffle de vie » qui tarde à venir, est en soit - et j'insiste sur le vocable - une forme de condamnation suprême ! Pour reprendre les dires d'un médecin qui pratiquait dans ce domaine : « On ne fait même pas çà aux animaux ! »


Une philosophie / idéologie qui doit évoluer


Si mon propos peut sembler acerbe, il ne concerne nullement la grande qualité des soins offerts par le centre ni le comportement du personnel qui était exemplaire, voire bienveillant de son arrivée jusqu'à la fin. Ce qui est en cause, c’est une « façon de penser » une philosophie ou morale dominante qui influençait la pratique médicale. Dans les faits, ma mère a souffert beaucoup trop longtemps et le personnel en place ne pouvait pas intervenir pour y mettre fin.


Je souhaite donc que cette loi comporte des dispositifs pour que l'on puisse inscrire - à même le mandat d'inaptitude ou autre document légal - notre volonté de bénéficier de l’AMM pour la détresse psychologique, la dépression chronique, ainsi que l’anxiété qui résulterait d'un manque de ressources essentielles pour assurer une qualité de vie acceptable pour les gens peu fortunés.


Plus précisément, j’apprécierais que l'AMM devienne une alternative légale pour ceux et celles qui sont désespérés au point de vouloir s'enlever la vie. Il s'agirait certes d'ouvrir un débat distinct que celui présenté lors de dernière commission, mais cette éventualité diminuerait les risques de dommages collatéraux de ceux qui passent à l'acte (accidents sur les routes, dans le métro, drames familiaux, blessures avec séquelles permanentes, handicaps, etc.) et permettrait au personnel soignant (psychologues, intervenants sociaux, médecins) d'intervenir auprès de ces gens pour éviter le pire.


Nous sommes des centaines, voire des milliers de sexagénaires qui sont persuadés qu’il vaudra mieux choisir notre « mode de fin de vie» ainsi que le moment plutôt que de se les faire imposer.



Et l’Aide médicale à mourir, dans un contexte légal et bien encadré, devrait figurer dans la liste des solutions pour ceux et celles dont la qualité de vie s'est dégradée au point de provoquer une détresse physique et/ou psychologique chronique.


Avec la crise climatique qui semble s’accélérer, exacerbée par l’introduction de nouveau virus et pandémies à venir, la dégradation constante des soins de santé du secteur public, le manque de logements abordables, l'augmentation du nombre de retraités sans oublier les dépressions économiques à venir, il est urgent de commencer à y penser…


René B.


Texte pour tenter de comprendre la signification du tableau peint par ma mère en haut de page, cliquez sur L'allégorie symbolique, comme moyen d'expression artistique…



Pour aller plus loin et s'informer :


Association québécoise pour le droit de mourir dans la dignité (AQDMD)


NOTA BENE : Mon texte de réflexion était déjà au stade de brouillon depuis quelques années. Les évènements se sont bousculés et aujourd'hui, les prises de position émergent de partout.


Décider de sa mort avant d'être malade, plaident les médecins


L'évolution de la réflexion se poursuit : Soins de fin de vie : Parlons-en, de la mort !


Une lette d'opinion : Réflexion : C’est mon corps



 
 
 

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